Quel bilan tirez-vous depuis le lancement de l’IMREDD en 2015 ?
Toutes les actions ont permis à la métropole niçoise, avec l’université, de s’installer dans le panorama des smart cities et des villes innovantes. Des délégations internationales sont ainsi régulièrement reçues pour visiter le Smart City Innovation Center(SCIC) qui restitue ce savoir-faire développé par les acteurs du territoire. Sur le plateau mettant en visibilité l’ensemble des données mobilisées au sein du Data Center Métropolitain, le SCIC permet de développer des applications, des prototypes de services et d’accompagner l’exploration d’idées à destination des entreprises voulant s’implanter sur le territoire. Cet Institut représente, d’une certaine façon, le « prototype » du dispositif plus large et plus global qu’il faudrait mettre en place à l’échelle du territoire de la Côte d’Azur dans les années futures.
Quelle est l’ambition de l’IMREDD pour les dix prochaines années ?
L’ensemble des partenariats et expérimentations, avec ses réussites, mais aussi ses échecs, ont permis à l’université, et plus globalement au territoire de la Côte d’Azur de construire des compétences, des pratiques et des réseaux de collaborations uniques. Il s’agit maintenant d’ouvrir cette décennie en imaginant un élargissement de notre approche afin de franchir une nouvelle étape de notre processus de transformation territoriale. Trans former la Smart City en territoire « intelligent » et « aimable » en utilisant le numérique et l’innovation, telle est notre ambition.
Qu’entendez-vous par territoire « aimable » ?
Aimable est un adjectif qui incarne la notion de « symétrie des attentions » et qui souligne l’importance de la relation entre les citoyens et le territoire qu’ils habitent. Aimable est ainsi le symbole de notre vision de la ville et d’un territoire constitué de lieux dynamiques et plaisants, centrés sur le citoyen, où il fait bon vivre. Le projet de transformation doit viser à rendre le territoire attractif et capable de retenir ses talents. Pour cela, il faut poursuivre l’élargissement des thématiques traitées par la Smart City, pour s’emparer
des thèmes de solidarité comme la santé et l’accès de tous aux services publics. Il s’agit de supplanter l’image d’une Smart City uniquement technologique, basée sur l’optimisation économique des réseaux, pour développer une approche mobilisant les ressources technologiques au profit du bien-être des individus et à une plus grande équité territoriale. Pour ces raisons, il convient de placer la réflexion éthique et philosophique plus au cœur du projet de transformation.
En quoi le numérique peut-il aider à atteindre cette ambition ?
La donnée est l’essence de notre moteur de transformation. L’acculturation des citoyens à la donnée est ainsi impérative pour permettre une transition numérique qui inclut et non qui exclut. Cette dernière procède de la même manière que dans d’autres secteurs : elle se fonde sur les usages. D’une vision technocentrée de la ville qui cantonnait jusqu’alors le citoyen dans un rôle « passif » devant être aidé pour se comporter en bon usager, voire surveillé ou puni, il est temps d’inscrire le citoyen dans un rôle dynamique et participatif. Le territoire numérique passe par le développement de cadres de confiance, dont le RGPD est un exemple, par lesquels les parties prenantes d’un territoire, acteurs publics, acteurs privés, citoyens, pourront faire circuler des données et créer de la valeur sociale et territoriale au service de l’intérêt général par exemple dans des domaines tels que la qualité de l’air, la santé ou encore la mobilité. Favoriser le partage et la réutilisation des données, en réunissant données publiques et privées au sein de « plateformes de données territoriales » est au cœur de l’ambition. C’est par les croisements de données en provenance de différentes sources et l’utilisation de techniques d’analyse de données massives et d’intelligence artificielle qu’une valeur nouvelle pourra être créée. Les territoires dynamiques de demain seront ceux qui auront réussi à construire une gouvernance partenariale de la donnée locale et qui, en accédant à un maximum de données, pourront mieux maîtriser leur stratégie de développement territorial et créer de la valeur bénéficiant à tous leurs citoyens.